Perception et satisfaction des patientes quant à la délégation de la prescription du traitement de la cystite aiguë non compliquée aux pharmaciens.

  • Thèse cherche DIRECTEUR
  • Paris-Est Créteil
  • octobre 31, 2026
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Les cystites aiguës non compliquées sont fréquentes et génèrent une demande importante de consultations en soins primaires. La délégation de la prescription de leur traitement aux pharmaciens [1] [2], dans le cadre de protocoles de coopération [3] [6] [7], vise à améliorer l’accès aux soins et à alléger la charge des médecins généralistes [4]. Cependant, la réussite de cette délégation dépend en partie de la perception et de la satisfaction des patientes, qui doivent se sentir en sécurité et en confiance avec ce parcours de soins.

Dans le contexte actuel d’augmentation de la demande en soins, les pharmacies en France jouent un rôle croissant dans le dépistage [5] et la prise en charge des pathologies bénignes, dont la cystite aiguë non compliquée. Depuis 2024, les pharmaciens peuvent effectuer des tests de diagnostic pour les cystites simples via bandelettes urinaires et délivrer des antibiotiques sans ordonnance dans certains cas spécifiques. Ces services sont facturés à 10 € pour les tests sans délivrance d’antibiotiques et 15 € lorsque les antibiotiques sont délivrés, un système conçu pour simplifier l’accès aux soins et alléger les cabinets médicaux tout en assurant une couverture financière pour les pharmaciens
Les chiffres montrent que ce dispositif pourrait alléger les consultations médicales d’environ 30 % pour les infections urinaires en cas d’adhésion complète.
La délégation de tâches dans le domaine des soins primaires, en particulier concernant les infections urinaires (IU) et d’autres situations cliniques, est un sujet qui a fait l’objet de recherches et d’expérimentations dans plusieurs pays [8]. La délégation de tâches peut inclure une variété de pratiques, telles que la possibilité pour les pharmaciens de prescrire des traitements, de diagnostiquer certaines pathologies ou de gérer certaines parties de la prise en charge des patients sous supervision médicale.
L’idée est de permettre aux pharmaciens, dans des situations spécifiques, de poser un diagnostic initial ou de proposer un traitement adapté, souvent en collaboration avec un médecin ou sous supervision. Dans certains systèmes de soins primaires, comme au Canada ou au Royaume-Uni, certains pharmaciens sont autorisés à prescrire des médicaments dans des situations cliniques bien définies, comme les infections urinaires non compliquées, après une évaluation initiale du patient pour lequel leur satisfaction parait assez élevé [9] [10].

Près de deux français sur trois estiment « normal », voire « citoyen » de se soigner eux-mêmes pour des pathologies qu’ils jugent bénignes. Ils préfèrent ainsi souvent prendre conseil auprès du pharmacien d’officine, plus accessible que le médecin traitant. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pour les patients, l’automédication responsable consiste à soigner certaines maladies par des médicaments autorisés sûrs et efficaces, accessibles sans ordonnance en officine. En janvier 2017, paraissait un communiqué de presse de l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA), qui titrait, « le selfcare est la solution de santé de premier recours pour de nombreux français ». Ce comportement, consistant pour un individu à se prendre en charge et gérer sa santé lui-même, est largement adopté par la population française, y compris dans le cadre d’IU. [11]

L’article explique que le système actuel de santé est confronté à des défis tels que : le déficit de l’Assurance maladie, la saturation des cabinets médicaux, le développement de maladies chroniques etc. Ainsi les trois principales raisons qui poussent les français à avoir recours à l’automédication sont :
– 72% des patients connaissent le traitement adapté
– 66% souhaitent se soigner rapidement
– 30% veulent éviter des dépenses inutiles à l’Assurance Maladie

Les professionnels de santé confirment cette tendance, 98% des pharmaciens et 59% des médecins considèrent que le développement de l’automédication permettrait de désengorger les cabinets médicaux et réduire les dépenses de santé. Un autre titre marquant de l’AFIPA est « Selfcare et automédication ne sont pas des gros maux », dans le but de sensibiliser les collectivités et les politiques sur l’intérêt du selfcare en santé. [12]. On peut noter que même s’il n’existe pas de définition de l’automédication dans le Code de la santé publique (CSP), celui-ci mentionne tout de même que « Le pharmacien a un devoir particulier de conseil lorsqu’il est amené à délivrer un médicament qui ne requiert pas de consultation médicale ». [11]

Dans le cadre de l’automédication, le guide français APPSO (Accueil pharmaceutique des patients sans ordonnance), édité par le Conseil National de l’Ordre des pharmaciens, soutient la qualité du service rendu par le dispensateur lors de l’accueil d’un patient ou de son mandataire à l’officine. Lorsqu’un patient se présente avec des symptômes urinaires à l’officine, la méthode ACROPOLE sera systématiquement effectuée, comme à chaque demande d’un patient sans ordonnance. Pour rappel, la méthode ACROPOLE est une méthode structurée d’accueil et de conseils, prônée par l’Ordre des pharmaciens.
Une étude analyse les interventions pharmaceutiques (IP) réalisées suite à des demandes de médicaments pour le traitement d’infections urinaires (IU) en région Rhône-Alpes Auvergne entre 2017 et 2022. Il s’agit d’une étude observationnelle descriptive quantitative menée dans 294 officines de la région. [15]
Les étudiants en 6ème année de pharmacie, en stage pratique à l’Université de Clermont-Ferrand et de Lyon, ont recueilli les données relatives aux interventions en automédication pendant une semaine par mois de février à mai sur la période de l’étude (2017-2022). L’étude a mis en évidence que les infections urinaires basses, notamment les cystites, constituent une cause fréquente de consultations aux urgences ou dans les cabinets médicaux, alors qu’elles pourraient être prises en charge en ambulatoire par les pharmaciens d’officine, en particulier pour les femmes adultes sans facteurs de risque de complications.
La prise en charge (PEC) des cystites pourrait ainsi se faire via des médicaments disponibles sans prescription médicale, contribuant ainsi à désengorger le système de santé. Traditionnellement, le traitement médicamenteux des IU repose sur l’antibiothérapie, dont la prescription est réservée aux médecins. Toutefois, face à la désertification médicale et pour améliorer l’accès aux soins, un amendement adopté en mars 2019 par la Commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale a permis aux pharmaciens de délivrer des médicaments soumis à prescription médicale pour certaines pathologies, dont la cystite. Cette délivrance se fait désormais selon des protocoles établis par la Haute Autorité de Santé (HAS). [13]
En complément, une revue systématique réalisée par le British Journal of Clinical Pharmacology a examiné les expériences et les points de vue des différents acteurs (pharmaciens, médecins, patients) concernant la prescription par les pharmaciens. La revue a également mis en lumière les facilitateurs et les obstacles perçus par les parties prenantes pour la mise en œuvre de ce modèle à l’échelle mondiale. [14]
Évaluer la perception et la satisfaction des patientes concernant cette délégation est donc crucial pour ajuster ce service en fonction des attentes et renforcer la pérennité de cette approche. Nous n’avons pas trouver d’étude quantitative à ce sujet.

Étiqueté comme : cystite aiguë non compliquée, délégation de prescription, expérience de soins, perception des patientes, prise en charge en pharmacie, satisfaction des patientes

Question de recherche *:

QUESTION DE RECHERCHE :

Comment les patientes perçoivent-elles et évaluent-elles leur satisfaction vis-à-vis de la délégation de la prescription pour le traitement de la cystite aiguë non compliquée aux pharmaciens ?

Hypothèses: Les patientes accueillent favorablement la possibilité de traiter les cystites directement en pharmacie, surtout en raison de la rapidité et de l’accessibilité que ce service offre par rapport à une consultation médicale classique. Ce mode de prise en charge permet de répondre plus rapidement aux besoins de soins pour une affection fréquente et souvent inconfortable, ce qui contribue à son appréciation positive. Cependant, certaines réticences subsistent, principalement liées à la perception d’une sécurité moindre par rapport à une prise en charge en cabinet médical. Cette crainte peut découler de la nature même du lieu de soin, où l’absence de médecins généralistes peut être interprétée comme un facteur limitant pour la sécurité du diagnostic. La satisfaction des patientes dépend en grande partie de la qualité des explications que le pharmacien leur fournit sur le diagnostic et le traitement de leur infection ainsi que du suivi proposé.
Objectif: -Explorer comment les patientes perçoivent la prise en charge de la cystite aiguë non compliquée en pharmacie.
Matériel et méthode:

Il s'agirait d'une étude quantitative exploratoire [16] [17]. Elle serait réalisée auprès de patientes adultes ayant bénéficié d'une prise en charge pour cystite aiguë non compliquée en pharmacie dans plusieurs officines de la région Île-de-France. La population cible inclut les patientes ayant accepté cette prise en charge au cours de l’année écoulée. Le recrutement sera effectué à partir des listes de consultations en pharmacie et inclura exclusivement celles ayant bénéficié d’une prescription sans ordonnance délivrée par le pharmacien.
Les données seront collectées à l’aide d’un questionnaire standardisé, administré par les pharmaciens. Celui-ci abordera différents aspects : la satisfaction générale du service, la perception de la sécurité du traitement en pharmacie, l’accessibilité et la rapidité, ainsi que le besoin d’explications supplémentaires. Ce questionnaire, élaboré par le comité de pilotage (composé du directeur de thèse, du thésard et d’un pharmacien référent), sera validé en amont afin d’assurer sa pertinence. Il sera ensuite administré directement en pharmacie après la consultation.

Description méthodologique de l’étude:

Les données de cette étude seront recueillies au moyen d'un questionnaire standardisé administré aux patientes lors de leur prise en charge en pharmacie. Les patientes seront interrogées immédiatement après la consultation pharmaceutique pour une cystite aiguë non compliquée, ce qui permet de recueillir des impressions directes et minimiser le biais de rappel. Le questionnaire abordera des thèmes tels que la satisfaction globale, la perception de la sécurité, la rapidité du service, et le besoin d'informations complémentaires.

L’analyse des données sera quantitative. Les réponses seront traitées statistiquement pour dégager des tendances générales sur la satisfaction et la perception des patientes. Des analyses croisées seront également réalisées pour identifier des liens éventuels entre le profil des patientes (âge, antécédents médicaux) et leur satisfaction vis-à-vis de la prise en charge.

Références:

1. CNOP [Internet]. [cité 18 nov 2024]. Prise en charge des infections urinaires en officine : trois nouveaux textes étendent les compétences des pharmaciens. Disponible sur: https://www.ordre.pharmacien.fr/les-communications/focus-sur/les-actualites/prise-en-charge-des-infections-urinaires-en-officine-trois-nouveaux-textes-etendent-les-competences-des-pharmaciens

2. Arrêté du 31 mars 2022 portant approbation de la Convention nationale organisant les rapports entres les pharmaciens titulaires d’officine et l’assurance maladie.

3. Infection urinaire : votre pharmacien peut vous proposer un test [Internet]. [cité 29 oct 2024]. Disponible sur: https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A17107

4. Agamaliyev E, Mikol F, Prost T. Les déterminants de l’opinion des médecins généralistes sur la délégation de tâches vers les infirmiers de leur cabinet. Revue française des affaires sociales. 15 juin 2016;(1):375 404.

5. Dépistage des cystites simples à l’officine [Internet]. [cité 29 oct 2024]. Disponible sur: https://www.ameli.fr/pharmacien/sante-prevention/depistage-cystite-officine-pharmacie

6. Delaval A, Coulpied X, Lesecq A. Paramédicaux et délégations de tâches, nouvelles formes de coopération. Médecine de Catastrophe - Urgences Collectives. 1 juin 2022;6(2):111 4.

7. Santé Gouvernement. PROTOCOLE NNATIONAL DE COOPERATION POLLAKIURIE MARS 2023. 2023 [cité 18 nov 2024]. protocole_national_de_cooperation_pollakiurie_mars_2023-2.pdf. Disponible sur: https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/protocole_national_de_cooperation_pollakiurie_mars_2023-2.pdf

8. Budden M, Gilbertson D, Chung S, Benrimoj SI, Mardones F, Dineen-Griffin S. Clinical management protocols for community pharmacist-led management of urinary tract infections: a review of the grey literature and quality appraisal. Int J Clin Pharm. déc 2024;46(6):1256 67.

9. Beahm NP, Smyth DJ, Tsuyuki RT. Outcomes of Urinary Tract Infection Management by Pharmacists (RxOUTMAP): A study of pharmacist prescribing and care in patients with uncomplicated urinary tract infections in the community. Can Pharm J (Ott). 2018;151(5):305 14.

10. Peiffer-Smadja N, Allison R, Jones LF, Holmes A, Patel P, Lecky DM, et al. Preventing and Managing Urinary Tract Infections: Enhancing the Role of Community Pharmacists—A Mixed Methods Study. Antibiotics. 7 sept 2020;9(9):583.

11. IPADAM quali « Interventions Pharmaceutiques À propos du Dossier pharmaceutique et de l’AutoMédication » : expérience des équipes officinales et ressenti des patients - ScienceDirect [Internet]. [cité 6 mars 2021]. Disponible sur: https://www-sciencedirectcom.ezproxy.uca.fr/science/article/pii/S0003450918300233

12. 15ème baromètre AFIPA des produits du selfcare [Internet]. [cité 12 déc 2022]. Disponible sur: https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/afipa-documents/afipa/IKuV706ZEKhOr9NL.pdf

13. Infection urinaire : votre pharmacien peut vous proposer un test [Internet]. [cité 8 déc 2024]. Disponible sur: https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A17107

14. Reeves S, Pelone F, Harrison R, Goldman J, Zwarenstein M. Interprofessional collaboration to improve professional practice and healthcare outcomes. Cochrane Database Syst Rev. 22 juin 2017;2017(6):CD000072.

15. Essen M. Les infections urinaires à l’officine: état des lieux et perspectives. 2023;

16. Les principaux types d’étude | Département Médecine Générale - Université de Rouen [Internet]. [cité 13 févr 2025]. Disponible sur: https://dumg-rouen.fr/p/xxx

17. THESES Elements de méthode [Internet]. [cité 13 févr 2025]. La_These_Quantitative_-_Methodologie.pdf. Disponible sur: https://nice.cnge.fr/IMG/pdf/La_These_Quantitative_-_Methodologie.pdf

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