Le défibrillateur cardiaque externe en pratique ambulatoire de médecine générale : enquête auprès des médecins généralistes de Seine-Maritime et de l’Eure
Nous savons que la survie du patient est intimement liée à la défibrillation précoce en cas d’arrêt
cardiaque extra-hospitalier (ACEH) [1]. Pourtant, le rôle des médecins généralistes dans cette
situation est peu étudié en comparaison avec celui de leurs collègues hospitaliers. Des données
irlandaises confirment que les médecins généralistes sont considérablement exposés à la réanimaon
cardiopulmonaire dans le cadre de leurs activités quotidiennes en raison de leur prise en charge de
patients présentant de nombreuses comorbidités et donc un risque plus élevé d’ACEH [2].
Cependant, les médecins généralistes expriment plusieurs réticences à l’acquisition d’un défibrillateur
externe d’après une étude danoise : le prix, la perception selon laquelle il serait préférable d’attendre
l’arrivée des ambulances, ou encore l’idée que l’utilisation d’un défibrillateur externe ne relève pas
de la médecine générale [3]. Malgré cela, les preuves disponibles indiquent que les médecins
généralistes jouent un rôle significatif dans la réanimation, augmentant les chances de survie grâce à
des soins précoces, à condition d’être correctement formés et équipés d’un défibrillateur [4]. Quand
ils ne le sont pas, une opportunité vitale est perdue. Bien que l’arrêt cardiaque reste une situation
rare en soins primaires [4], l’accessibilité des cabinets de médecine générale implique que les
médecins généralistes devraient être préparés à intervenir. Sans surprise, la clé du succès est de
posséder un défibrillateur disponible. Cependant, combien de médecins généralistes de Seine-
Maritime et de l’Eure possèdent réellement un défibrillateur ?
L’intérêt global de cette étude et plus précisément pour la médecine générale serait d’améliorer la
survie des patients en cas arrêt cardio-respiratoire. Ce travail permettrait de faire un état des lieux
des défibrillateurs en pratique ambulatoire dans l’Eure et la Seine-Maritime.
Mots clés : general practice, out-of-hospital cardiac arrest, defibrillators, primary care, physician’s
office
Quelle est la prévalence des défibrillateurs cardiaques externes en Seine-Maritime et dans l’Eure ?
Hypothèses: Le taux de médecins généralistes possédant un défibrillateur cardiaque externe est faible en Seine-Maritime et dans l’EureQuestionnaire téléphonique aux médecins généralistes de l’Eure et de la Seine-Maritime
Etude quantitative descriptive
[1] Olasveengen TM, Semeraro F, Ristagno G, Castren M, Handley A, Kuzovlev A, Monsieurs KG, Raffay V, Smyth M, Soar J, Svavarsdottir H, Perkins GD. European Resuscitation Council Guidelines 2021: Basic Life Support. Resuscitation. 2021 Apr;161:98-114. doi: 10.1016/j.resuscitation.2021.02.009. Epub 2021 Mar 24. PMID: 33773835.
Il s’agit des recommandations européennes de l’European Resuscitation Council actualisée en 2021 qui insistent sur le fait que la survie après un arrêt cardiaque extra-hospitalier (ACEH) peut être significativement améliorée si un massage cardiaque (RCP) est pratiqué sans délai et qu’un défibrillateur est rapidement utilisé. Ces recommandations sont basées sur l’International Liaison Committee on Resuscitation (ILCOR) 2020 Consensus on Science and Treatment Recommendations (CoSTR) for Basic Life Support (BLS).
[2] Barry T, Headon M, Glynn R, Conroy N, Tobin H, Egan M, Bury G. Ten years of cardiac arrest resuscitation in Irish general practice. Resuscitation. 2018 May;126:43-48. doi: 10.1016/j.resuscitation.2018.02.030. Epub 2018 Mar 3. PMID: 29510194.
Il s’agit d’une étude observationnelle prospective sur 10 ans auprès d’une cohorte de médecins généralistes Irlandais. L’objectif de cette étude était d’établir le rôle et l’implication du médecin généraliste dans la réanimation d’un ACEH en Irlande. Cette étude a montré qu’au fil du temps, un nombre significatif de médecins généralistes sont confrontés à un ACEH, tentent une réanimation et obtiennent des taux de survie à la sortie de l'hôpital plus élevés que ceux observés à l'échelle nationale parmi les ACEH en Irlande. Les auteurs concluent qu'un défibrillateur devrait être systématiquement disponible dans tous les cabinets de médecine générale et que le personnel devrait avoir les compétences de réanimation appropriées.
[3] Niegsch ML, Krarup NT, Clausen NE. The presence of resuscitation equipment and influencing factors at General Practitioners' offices in Denmark: a cross-sectional study. Resuscitation. 2014 Jan;85(1):65-9. doi: 10.1016/j.resuscitation.2013.09.008. Epub 2013 Sep 17. PMID: 24055182.
Il s’agit d’une étude transversale par questionnaire auprès de 2030 médecins généralistes inscrits au Danemark. Les questions portaient sur les données démographiques, la présence de matériel de réanimation et l'attitude envers l'acquisition d'un DAE. L’objectif était d’évaluer la prévalence du matériel de réanimation et du personnel formé et les paramètres influençant l’absence de défibrillateurs dans les cabinets de médecins généralistes. L’étude a montré que les médecins généralistes danois ne sont généralement pas équipés de défibrillateurs malgré l'efficacité prouvée des défibrillateurs dans les cabinets de généralistes. Les principales raisons pour lesquelles les médecins généralistes ne se dotent pas d'un défibrillateur sont des considérations financières et la perception que le temps de réponse des services ambulanciers et des établissements de santé à proximité peuvent apporter une prise en charge optimale.
[4] Haskins B, Nehme Z, Cameron PA, Smith K. Cardiac arrests in general practice clinics or witnessed by emergency medical services: a 20-year retrospective study. Med J Aust. 2021 Sep 6;215(5):222-227. doi: 10.5694/mja2.51139. Epub 2021 Jun 14. PMID: 34121187.
Il s’agit d’une étude rétrospective d’après une analyse du Victorian Ambulance Cardiac Arrest Registry data (1er janvier 2000 – 30 décembre 2019). L’objectif était de comparer la fréquence et l’issue des ACR dans les cliniques de médecine générale avec ceux des ACR avec témoins paramédicaux.
Les résultats ont révélé, tout d'abord, que les arrêts cardiaques sont des événements rares dans les cabinets de médecine générale. Ensuite, il a été démontré que le taux de survie des patients est comparable entre ceux ayant bénéficié d'une défibrillation réalisée par le personnel des cabinets de médecine générale et ceux pris en charge par les ambulanciers. Enfin, il a été constaté que les patients ayant subi un arrêt cardiaque dans un cabinet médical et bénéficié d'une défibrillation à l'aide d'un défibrillateur externe automatisé (DEA) par le personnel du cabinet avaient deux fois plus de chances de survivre que ceux qui n'ont pas été défibrillés avant l'arrivée des ambulanciers. Les auteurs concluent que les défibrillateurs automatisés externes (DAE) devraient être un équipement standard dans les cabinets de médecine générale, permettant une défibrillation rapide, ce qui pourrait réduire considérablement le risque de décès chez les personnes en arrêt cardiaque.
Rémy P. Le défibrillateur cardiaque externe en pratique ambulatoire de médecine générale : enquête auprès des médecins généralistes d’Aquitaine hors Gironde [thèse en ligne]. [Bordeaux] : Université de Bordeaux ; 2016. 133 p. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01290795
Cette thèse est une enquête transversale descriptive déclarative qui a été réalisée auprès des médecins généralistes de l’Aquitaine hors Gironde courant mai – juin 2015. L’objectif de cette thèse est de mesurer la proportion de médecins généralistes d’Aquitaine hors Gironde possédant un défibrillateur cardiaque externe. Ce travail met en évidence que 64% des médecins généralistes questionnés ont été face à un ACR à réanimer en Aquitaine et que peu de médecins possédaient un DEA (6,24% des médecins en Aquitaine). Plus de la moitié estiment le délai d'intervention des secours supérieur à 10 minutes, alors que le taux de survie en cas de fibrillation ventriculaire diminue d'environ 7 à 10 % à chaque minute de défibrillation retardée.
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